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Une réforme de la loi sur la norme salariale est nécessaire pour notre économie

09/11/2022 - 09h

La CGSLB prend acte de la publication anticipée du rapport technique du Conseil central de l’économie. Il était clair depuis longtemps que la loi réformée de 1996 rendrait impossible toute concertation sociale sur une marge salariale maximale. Cependant, même après l'attribution prévue des indexations salariales en 2022 et les années suivantes, il n'y a eu pas de problème en termes de compétitivité des coûts salariaux. Du moins, pas si l'on calcule correctement ce que l'on appelle l'écart salarial. L'écart salarial officiel à la fin de 2019 était de 0%, après une récente révision, il était même de -0,4% en faveur de la Belgique. Toutefois, il ne tient pas compte de toutes les subventions salariales et réductions de charges dont bénéficient les employeurs. Si l'on tient compte de ces éléments, l'écart salarial s’élève à 4% en notre faveur. Cela signifie que l'écart salarial réel à la fin de 2019 était de -4,4% en faveur de notre pays.

Selon les seules prévisions fiables disponibles à ce jour, à savoir celles publiées par les banques centrales de Belgique et de nos trois plus grands voisins en juin de cette année, entre 2020 et 2024, les coûts salariaux augmenteraient de 1,9% plus vite en Belgique que dans les pays voisins. Entre-temps, des prévisions moins fiables indiquant une croissance plus rapide des salaires en Belgique ont également été publiées. Mais en partant d'une avance salariale de -4,4% à la fin de 2019, on peut s'attendre à ce qu'à la fin de 2024, nous nous retrouvions à peu près au même niveau de coûts salariaux que nos voisins en tenant compte de toutes les réductions de charges et subventions salariales. La CGSLB n’est donc pas d’accord avec les messages d’apocalypse envoyés  au monde par les employeurs.

Nous reconnaissons qu'il n'est pas facile aujourd'hui pour certaines entreprises de couvrir la hausse des coûts énergétiques, tout comme de nombreux travailleurs et allocataires sociaux ont des difficultés aujourd'hui. Mais les chiffres de la Banque nationale montrent que les marges bénéficiaires des entreprises belges au deuxième trimestre 2022 ont atteint leur plus haut niveau jamais enregistré, à 45,2%, malgré la forte hausse des prix de l'énergie. Ces marges sont nettement plus élevées que dans les pays voisins, elles n’atteignent pas les 40% en Allemagne et aux Pays-Bas et à peine 32,5% en France. 

Ainsi, de très nombreuses entreprises, voire des secteurs entiers, ne sont pas affectés négativement par la crise énergétique, qu'elles parviennent à répercuter la hausse des coûts ou non. Dans les secteurs où les marges bénéficiaires se maintiennent à des niveaux historiquement élevés, il devrait être possible de négocier librement des augmentations de salaire. Or, la loi actuelle sur la norme salariale rend cela impossible. Le Syndicat libéral demande donc une réforme de la loi. Nous sommes convaincus que les syndicats et les employeurs peuvent négocier de manière responsable des augmentations salariales supérieures à l'indice dans les secteurs et les entreprises où cela est possible.

Une marge pour des augmentations salariales réelles est également essentielle pour notre économie en ces temps incertains. En effet, pour de nombreux travailleurs, l'indexation ne suffit pas à couvrir la hausse des coûts, ce qui entraîne une forte réduction de leur pouvoir d’achat. En témoigne la confiance des consommateurs, qui n'a jamais été aussi basse, pire encore qu'au moment de la crise du covid. En conséquence, la croissance de la consommation privée, qui représente la moitié des dépenses de notre économie, sera négative dans les prochains mois. La crise du pouvoir d'achat entraîne notre économie dans la récession, ce qui a des conséquences néfastes importantes pour les entreprises belges. Si les travailleurs de certaines entreprises et de certains secteurs peuvent renforcer leur pouvoir d'achat grâce à une augmentation des salaires réels, la consommation privée pourra recevoir un coup de pouce indispensable et notre économie pourra sortir de la récession.

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