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Avec des chiffres, les politiques tentent d’imposer leur vérité sociale !

21/03/2019 - 11h

Du baromètre annuel de la précarité énergétique de la Fondation Roi Baudouin il ressort « qu’un isolé sur trois a du mal à assumer ses frais de chauffage ». Cette nouvelle a occupé l’actualité la semaine passée. Par ailleurs, une enquête de Test-Achats a dévoilé que 68 % des ménages belges  n’arrivent plus à épargner.

Tout cela n’empêche pas nos décideurs de se gargariser de leurs réalisations en déclarant, chiffres à l’appui que la Belgique a bien progressé les dernières années tant sur le plan social qu’économique. Généralement, la base de comparaison est l’Europe. Toutefois, une analyse nuancée des chiffres révèle la réalité : plusieurs indicateurs montrent que la Belgique affiche souvent des performances sociales et économiques nettement inférieures à celles des voisins et même, pour certains indicateurs, inférieures à la moyenne européenne.
 

Le pouvoir d’achat réel connait une croissance insuffisante

Ainsi, Geert Bourgois de la N-VA a référé à une étude de la KU Leuven (Université Catholique de Leuven) pendant la grève du 13 février selon laquelle le pouvoir d’achat des ménages aura augmenté de 5,2 % entre 2014 et 2020. Entretemps, la KU Leuven a déjà rectifié le chiffre à 3,5 %. Mais, élément plus significatif : cette étude ne tient pas compte du renchérissement des services publics, ni du fait que la facture du taxshift n’a pas encore été payée et, surtout pas de la baisse des salaires réels de près de 2 % entre 2015 et 2017 (la baisse la plus forte de tous les pays de l’Union européenne !). De plus, les salaires réels ont à peine augmenté de 0,1 % entre 2008 et 2017 : seuls 4 pays de l’Union européenne font encore pire. En outre, les chiffres de la Banque Nationale révèlent que la masse des dividendes distribués a cru de 21,4 % entre 2013 et 2015. Ces revenus profitent surtout aux privilégiés de notre société.
 

Le risque de pauvreté inférieur à la moyenne européenne, mais supérieur aux pays voisins

Autre instrument permettant d’enjoliver la situation de pauvreté en Belgique : le coefficient de Gini. Il s’agit d’un indicateur mesurant les disparités dans la population et compris entre 0 et 1, étant entendu que 0 signifie l’égalité absolue et 1 l’inégalité absolue. La Belgique a un score de 0,26 et fait donc mieux que la moyenne européenne de 0,30. Pourtant, le risque de pauvreté reste endémique pour beaucoup de gens. Selon l’indicateur européen du risque subjectif de pauvreté, considéré par l’Union européenne comme le principal indicateur dans le cadre des objectifs de l’UE 2020 sur la pauvreté, 20,9 % des Belges se trouvent en situation de risque de pauvreté ou d’exclusion sociale. Ce chiffre est tout juste inférieur à la moyenne de l’UE de 22,24 %, mais dépasse sensiblement le niveau des pays voisins : l’Allemagne (19 %), la France (17,1 %) et les Pays-Bas (17 %).

La définition objective du risque de pauvreté part d’un revenu ne dépassant pas 60 % du revenu moyen. Avec 15,9 % en 2017, ce taux reste élevé et n’a pas cessé d’augmenter depuis 2014 (de 15,1 % à 15,9 %).

Si donc, les moins favorisés disent qu’ils ont de plus en plus de mal à joindre les deux bouts, nous sommes leur porte-parole face à la politique. Certains politiciens peuvent continuer à faire l’autruche et se cacher la tête dans le sable, mais la vérité les exposera.

Mario Coppens
Président national du Syndicat libéral

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