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Les mesures contre la vie chère seront-elles suffisantes ?

17/10/2022 - 10h

Le Syndicat libéral était présent à l’action du 21 septembre pour rappeler au gouvernement d’agir de toute urgence face à la situation catastrophique en cours. Le budget 2023-2024 contient certes des aides aux travailleurs et aux allocataires sociaux, mais aussi des mesures qui ne vont pas dans le bon sens.

Il y a trois mois, 80 000 personnes défilaient dans les rues de Bruxelles pour réclamer des mesures pour le pouvoir d’achat, dénonçant particulièrement la loi de 1996 sur la norme salariale, avec déjà une lourde inquiétude
sur la hausse des prix. Après l’échec des négociations avec les représentants du patronat, nous souhaitions également faire pression sur le gouvernement pour la répartition de l’enveloppe bien-être. Celui-ci a tranché
: le montant de 982 millions d’euros doit servir à revaloriser les allocations les plus basses pour les deux prochaines années. Une mesure sur laquelle il faut un accord de toute urgence en ces temps de crise afin que les
augmentations soient effectives dès le début de l’année 2023. Prendre des mois de retard serait purement irresponsable.
 

Pouvoir d'achat en chute libre

Aujourd’hui, la situation est encore bien plus grave : des entreprises commencent à fermer et des ménages sont tout simplement incapables de payer les montants ahurissants des factures d’énergie. Aucune mesure du gouvernement ne s’est avérée suffisante jusqu’à maintenant, trop limitées dans leur portée et dans le temps.

Afin de demander une fois de plus au gouvernement de prendre ses responsabilités et de ne pas abandonner les citoyens à leur sort, le front commun syndical a réuni 10 000 personnes le 21 septembre dans la capitale.
« On ne demande rien de plus que de vivre dignement », a clamé Toufik Medaoud, délégué syndical CGSLB.

Après avoir rappelé à quel point la loi de 1996 bloque les salaires, dans une période où les prix explosent, cet ouvrier de TEM Technilift a livré son témoignage face à la foule : « Qu’allons- nous laisser à nos enfants ? On se bat tous les jours pour rien !

Comment voulez-vous accepter un 0,4 % face à l’augmentation des prix de l’énergie, de l’alimentation ? ». Il a finalement insisté sur l’importance de la mobilisation des travailleurs pour obtenir des mesures efficaces et durables.
 

Quelle suite ?

De ce côté, nous n’avons pas obtenu satisfaction. Le gouvernement a décidé d’appliquer la loi de 1996 sur la marge salariale, Ce qui hypothèque lourdement le prochain accord interprofessionnel. « Nous continuons à revendiquer la liberté de négociation des salaires. En tant que syndicats, nous savons parfaitement jusqu’où nous pouvons aller », a assuré Mario Coppens, Président national de la CGSLB.
 

Mesures insuffisantes ?

Pour en revenir au budget, plusieurs mesures du gouvernement vont dans le bon sens comme la prolongation de la TVA à 6 % sur le gaz et l’électricité et l’octroi de divers chèques. Par contre, la CGSLB s’inquiète des dérives vers lesquelles d’autres mesures nous entraîneront. La réduction des cotisations patronales de 7,07 % pour les deux premiers trimestre de 2023 va entraîner un manque à gagner pour la sécurité sociale, ainsi que
l’extension des flexi-jobs et du travail étudiant. La sécurité sociale est de filet de protection qui empêche les plus vulnérables de sombrer dans la pauvreté. Réduire ses rentrées revient immanquablement à réduire ses prestations. La norme de croissance des soins de santé sera diminuée de 2,5 à 2 % en 2024.
 

En attendant la réforme fiscale

Le conclave budgétaire a aussi été une occasion de renforcer la flexibilité du travail, les flexi-jobs et le travail étudiant prennent de l’ampleur au détriment des emplois normaux sous CDD ou CDI. La soutenabilité du travail
en prend aussi un coup avec les mesures concernant le crédit-temps. L’âge des enfants pour lequel un travailleur peut demander le crédit-temps tombe de 8 à 5 ans. La durée du crédit-temps pour s’occuper d’un enfant passe de 51 à 48 mois. Le supplément d’âge pour les travailleurs de plus de 50 ans qui prennent un crédit-temps thématique devrait aussi être raboté.

Nous attendons les textes définitifs pour procéder à une évaluation dans notre prochaine édition.
 

Pas de saut d’index

Il faut combattre les causes de l’inflation au lieu de faire payer l’addition par les travailleurs et les allocataires sociaux. Sans la moindre vergogne, la FEB et Unizo profitent une nouvelle fois de la crise, pour suggérer au gouvernement de procéder à un saut d’index. Dans un contexte d’inflation élevée qui met tant de personnes en difficulté, cette demande est tout simplement hallucinante.
 

Double peine

Dans la logique des employeurs, les entreprises commenceraient par majorer sensiblement leurs prix, après quoi elles voudraient imposer une « double peine » aux ménages à travers un saut d’index. L’envolée actuelle de l’inflation est essentiellement causée par les coûts élevés de l’énergie. Un saut d’index n’y changera rien, sinon qu’il fera payer la note aux consommateurs. Ceux-ci doivent déjà modérer leurs dépenses ce qui a des implications au niveau économique dans un pays comme la Belgique où la consommation intérieure est un moteur déterminant de l’économie.
 

Agir à la racine

Face à l’inflation élevée, il faut agir à la racine du problème. Le front commun CGSLB, FGTB, CSC propose une série de mesures (chacune des organisations préconisant en outre ses solutions particulières). Il faut découpler le prix du gaz de celui de l’électricité, instaurer un prix plafond de l’énergie, assurer la transition énergétique et rénover massivement le bâti. Les organisations patronales qui souscrivent à ces solutions fondamentales trouveront des alliés du côté des syndicats.

Fédérations patronales, êtes-vous prêtes à soutenir ces mesures au niveau européen et fédéral ?
Êtes-vous prêtes à demander une indexation plus rapide des barèmes fiscaux ?
Êtes-vous prêtes à exiger que des contrats fixes soient à nouveau proposés tant aux particuliers qu’aux entreprises ?
Êtes-vous prêtes à vous engager dans la voie d’une nécessaire régulation de ce secteur stratégique qu’est l’énergie ?
Êtes-vous prêtes à renoncer aux augmentations excessives de prix qui ne servent qu'à gonfler les marges bénéficiaires ?
Êtes-vous prêtes à vous engager dans l’accélération de la transition de l’économie ?
Sur le banc syndical, nous le sommes !

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