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Le tax shift du gouvernement Michel crée trop peu d’emplois à un coût trop élevé

11/09/2018 - 10h

L’emploi, un enjeu majeur ?

Depuis son installation, le gouvernement Michel se gargarise avec le slogan "jobs, jobs, jobs" (l’emploi reste un enjeu majeur). Le glissement des charges sur le travail (soit la diminution des charges patronales de 33 % à 25 %) vers la taxation de la consommation et une réduction de l’impôt sur les personnes physiques grâce au rehaussement de la quotité exemptée d’impôt devait permettre à la Belgique de créer un nombre inédit d'emplois supplémentaires, tout en étant budgétairement neutre. C’est du moins ce que prétendent le gouvernement et les patrons, mais pas ce qui ressort d’une étude de la KU Leuven. 

Mario Coppens, président national de la CGLSB: « Dès le départ, nous avons vivement critiqué le tax shift du gouvernement Michel. Nous avons même proposé notre alternative réellement neutre sur le plan budgétaire. Nous interprétons la confirmation par une étude scientifique du résultat terriblement décevant du tax shift comme une gifle à la figure des travailleurs, des allocataires sociaux et des partenaires sociaux. »


Insuffisant !

L’étude scientifique fait ressortir que l’impact du tax shift dans la croissance actuelle de l’emploi est faible. Celle-ci est surtout imputable à l’amélioration de la conjoncture économique internationale. La création d’emplois n’est pas spectaculaire, puisqu’elle se limitait à 1,3 % en 2017, nettement moins que la moyenne européenne de 1,6 %. Avec un taux d’emploi de 69,3 % (seuls trois autres pays européens font pire) et divers groupes cible vulnérables dont moins de la moitié des personnes ont un travail,  la Belgique  se doit de rattraper son retard en la matière. De plus, la CGSLB constate que les nouveaux emplois qui se créent sur le marché du travail belge sont de qualité moindre. Alors que la population active a augmenté de 4,7 % entre 2007 et 2016, quelques formes de travail atypiques ont fortement progressé avec notamment une hausse de 13,25 % des indépendants sans personnel, une hausse de 10,8 % du travail temporaire, et de 17,6 % du travail à temps partiel.
 

Pertes sans profit !

Le tax shift se solde, selon l’étude, par une forte perte financière. Le retour sur investissement pour les 65 200 emplois supplémentaires s’évalue à un petit 394 millions d’euros. Comme le financement du tax shift n’est absolument pas couvert, le budget est grevé d’un déficit supplémentaire de quelques milliards d’euros. Bref, le tax shift est loin de la neutralité budgétaire. En outre, les travailleurs financent leur propre réduction d’impôts par le biais des impôts indirects (soit le passage de la TVA de 6 à 21 %, l’augmentation des accises et du précompte mobilier de 25 % à 27 %). Selon les chercheurs de la KU Leuven, cette hausse des impôts indirects provoque un appauvrissement des 20 % les moins nantis de la population.
 

Coût démesuré !

Une étude de la Banque nationale de 2017 débouchait sur des conclusions semblables : le tax shift permettrait effectivement de créer des emplois, plus précisément 52 100 d’ici 2022. Mais avec un manque à gagner à hauteur de 4,786 milliards d’euros d’ici 2020, cela représente un coût de 74 760 euros par emploi, soit bien plus que le coût moyen des fameux emplois « subventionnés » qui font par ailleurs l’objet de tant de critiques. L’impact négatif des économies et des taxes supplémentaires destinées à combler le gouffre handicaperont le volume d’emplois créés à l’avenir.
 

Ceci n’est pas un tax shift !

La CGSLB  partage entièrement l’avis de l’un des chercheurs, le professeur André Decoster qui déclarait à la radio : «  En fait, ce n’est pas un tax shift puisque la facture initiale, très élevée, n’est pas couverte. Le tax shift devrait par définition être neutre sur le plan budgétaire. Ce n’est pas du tout le cas. Je trouve donc, qu’en tant que tax shift, la mesure a échoué ».

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