Le saut d'index se terminera déjà fin avril

05/04/2016 - 16h

Un saut d’index introduit par le gouvernement Michel

Lors de son installation, le gouvernement Michel avait décidé d’imposer un saut d'index de 2 %, sous prétexte d'améliorer la compétitivité des entreprises belges. Il ne pouvait être compensé d’aucune manière, ce qui implique qu’il représente une perte de 2 % sur les salaires, les allocations et les pensions. Il s’agit d’une perte à très long terme puisqu’elle se répercute sur toute la carrière professionnelle !

Depuis le 1er avril 2015, le saut d’index est entré en vigueur.  Concrètement, cela signifie que depuis cet instant un indice de référence est d’application. Il est égal à l'indice santé lissé normal, à savoir non bloqué, multiplié par 0,98 (100,66 x 0,98 = 98,65). Il est prévu que le blocage du mécanisme d’indexation sera levé dès que l'indice de référence dépassera l'indice santé lissé bloqué, donc dès que l'indice de référence de 98,65 sera supérieur à 100,66. À partir de ce moment-là, des nouvelles indexations pourront être opérées.
 

Inflation actuelle : la Belgique, cas isolé en Europe

Les prix au cours du mois de mars 2016 ont été comparés à ceux relevés durant le même mois de l'année précédente. Conclusion : l'inflation a fortement augmenté pour atteindre 2,24 %. En cause : les mesures récentes,  décidées tant par le gouvernement fédéral que par les exécutifs régionaux.  Les principales hausses de prix concernent l'électricité – la TVA est passée de 6 % à 21 %  – et la « Turteltaks » en Flandre qui fait exploser les factures d’électricité – une hausse de 36,7 % ! Ajoutons à cela l'augmentation du minerval d'inscription dans les établissements d'enseignement supérieur, également en Flandre, et   des accises sur l'alcool, le tabac … et d’autres mesures d’économies.

Bon nombre de ces interventions qui font bondir aujourd’hui le taux d'inflation ont été prises dans le cadre du tax shift. Le Syndicat libéral avait d'ailleurs averti le gouvernement des  effets négatifs que pourrait avoir sa décision sur le pouvoir d’achat et la croissance économique, ayant souligné en même temps que l’inflation en Belgique pourrait augmenter fortement. Pourtant, les alternatives n’impactant pour ainsi dire pas la croissance ni l’inflation ne manquent pas, comme nous l’avions expliqué dans notre proposition pour un tax shift alternatif, à savoir imposer une taxe sur les bénéfices des grosses fortunes et capitaux !
 

Bonne nouvelle : l’indexation des salaires et des allocations de retour plus tôt que prévu

Suite à cette inflation élevée, les effets du saut d'index décidé par le gouvernement devraient prendre fin plus rapidement que prévu. Alors que l’équipe Michel espérait se donner un instant de répit sans devoir se soucier d’indexations, au moins jusqu’en 2017, force est de constater que le saut d’index prendra déjà fin en ce mois d’avril. Cela ne signifie pas pour autant que tous les salaires seront d’emblée indexés, étant donné que cela dépend aussi des accords sectoriels pris en la matière. Certains secteurs appliquent des indexations périodiques ou encore des indexations à pourcentage fixe, tandis que les services publics fonctionnent avec des indexations basées sur un indice pivot.  

Selon les dernières prévisions du Bureau fédéral du Plan, l'indice de référence atteindra  100,84 en avril 2016, ce qui implique que dans les secteurs où une indexation mensuelle est appliquée, les salaires seront augmentés au 1er mai de 0,18 %. Les travailleurs relevant des secteurs qui opèrent une indexation tous les trois mois ou sur une base semestrielle pourraient bénéficier d’une augmentation salariale de 0,53 % dès le 1er juillet.

Toujours selon les estimations du Bureau du Plan, le prochain franchissement de l'indice-pivot (101,02) devrait intervenir dès le mois de mai 2016. En conséquence, les allocations sociales seraient dès lors indexées de 2 % à partir du mois de juin. Les fonctionnaires devraient attendre un mois de plus.

Si les prévisions du Bureau du Plan se confirment, les 400.000 employés qui relèvent de la Commission paritaire 200 pourront espérer une augmentation salariale de 0,77 %, mais devront patienter jusqu’au 1er janvier 2017.
 

Quel est l’impact sur la compétitivité ?

La fin du saut d'index est une bonne nouvelle pour notre pouvoir d'achat et pour l’économie, étant donné que le premier constitue le principal moteur de croissance. Les employeurs accueillent la nouvelle avec moins d’enthousiasme, car ils vont devoir augmenter les rémunérations des travailleurs.  Selon leurs propres dires, ils craignaient la perte de compétitivité.

Nous souhaitons nuancer cela de deux manières. Tout d'abord, suite à la modération salariale qui dure depuis des années, au récent saut d’index et aux réductions des charges patronales – qui ont d’ailleurs encore été renforcées dans le cadre du tax shift – il n’y aura plus du tout d’écart salarial d’ici la fin de l’année 2016 ! Selon les estimations de l'OCDE, l'écart serait même négatif (-1,4 %).

Deuxièmement, certains aspects de notre compétitivité, qui n’ont aucun rapport avec les coûts salariaux, pèsent nettement plus lourd dans la balance. Dès lors, il est urgent de se focaliser sur ce qui importe vraiment et d’investir dans les infrastructures, la productivité, l'innovation, les énergies renouvelables, l'éducation et la formation.  Ce sont là les conditions d'existence de la croissance économique !
 

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