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Pour qui travaillez-vous ?

01/12/2022 - 13h

L’avenir de nombreux travailleurs des plateformes en Belgique et en Europe se joue en ce moment au Parlement et au Conseil européens. La CGSLB souhaite une législation claire pour eux afin qu’ils soient mis sur un pied d’égalité avec les autres.

Députés européens, pour qui travaillez-vous ? Cela fait des années que des plateformes comme Uber font la loi en Belgique et en Europe, profitant de zones grises dans la législation pour ne pas leur octroyer à leurs travailleurs un statut de salarié, avec tout ce qui en découle. Les travailleurs des plateformes numériques ne sont en général pas des salariés, tout en ne bénéficiant d’aucun avantage des indépendants. Ils ne fixent pas leurs prix (leurs rémunérations sont faibles et non indexées), sont soumis au bon vouloir des algorithmes et ne bénéficient pas d’indemnités en cas de maladie ou d’accident. De plus, ces plateformes ne paient pas d’impôts et de charges sociales en Belgique ou ailleurs. Il est temps que cela change.
 

Plan Taxi

Notre gouvernement a déjà fait un pas dans la bonne direction en imposant aux plateformes d’octroyer une assurance accident du travail pour ses travailleurs. À Bruxelles, un plan Taxi impose un cadre réglementaire pour les chauffeurs Uber, au même titre que les chauffeurs de taxi traditionnels. Les chauffeurs Uber devront notamment posséder une licence bruxelloise pour exercer, ce qui n’était pas le cas auparavant. Les tarifs proposés par les plateformes de location de voiture avec chauffeur pourraient augmenter en conséquence, mais c’est le prix à payer si l’on souhaite que tous les chauffeurs soient traités sur un même pied d’égalité. C’est désormais au tour des députés européens d’adopter une loi qui aille pleinement dans le sens des travailleurs et non de ces plateformes numériques blanchies depuis trop longtemps.
 

Mettre la pression

Le mardi 25 octobre, une délégation CGSLB était présente à la manifestation organisée par la Confédération européenne des syndicats devant le Parlement européen. Une loi y est discutée pour enfin donner à ces travailleurs les mêmes droits qu’aux autres. Mais les pressions sont nombreuses pour affaiblir ce projet. L’été dernier, une fuite de documents publiés dans la presse a exposé la stratégie de lobbying agressive d’Uber, mettant en lumière son influence au sommet du pouvoir européen. Pour le Syndicat libéral, il est hors de question qu’une entreprise dicte ainsi sa loi à nos institutions et que le dumping social qu’elle cause continue à casser de la sorte les secteurs des taxis et de la livraison. Il n’est pas non plus question pour nous de dialoguer avec cette même entreprise qui empiète sur les lois de notre pays et les droits des travailleurs.
 

Accord avec la FGTB

Quelques jours avant que ces discussions ne s’engagent au niveau belge et européen, la FGTB a surpris tout le monde en annonçant un accord avec Uber, mettant hors-jeu les autres partenaires sociaux. Une approche unilatérale sans doute pour jouer les intermédiaires et relayer les demandes des travailleurs d’Uber, mais cela risque d’ouvrir la possibilité d’un troisième statut, c’est-à-dire de faux indépendants avec une certaine protection supplémentaire. Nous refusons une telle alternative. Soit ces travailleurs reçoivent le statut de salariés, avec le salaire minimum, les droits et la protection sociales qui y sont liés, soit ils ont un véritable statut d’indépendant, ce qui semble peu compatible avec le mode de fonctionnement de la plateforme. C’est main dans la main que les différents syndicats et les fédérations patronales (celles qui ont été lésées depuis l’arrivée d’Uber) doivent se battre contre cette entreprise et pour la mise en vigueur d’une présomption de salariat.

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