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Une mobilisation massive contre le dumping social

27/06/2023 - 13h

Le lundi 22 mai, plus de 20 000 personnes ont défilé à Bruxelles pour dénoncer le dumping social et les attaques portées contre le droit de grève.

C’est l’une des conséquences de l’affaire Delhaize. L’enseigne a décidé de forcer le passage sous franchise de ses 128 magasins encore intégrés, ce qui va faire passer les travailleurs vers une commission paritaire moins avantageuse. Outre la profonde injustice pour les Delhaiziens qui n’ont aucun mot à dire dans cette restructuration déguisée, cette situation menace de provoquer un véritable dumping social dans le secteur de la grande distribution, puis dans les autres secteurs. En effet, si le plan de Delhaize passe, d’autres entreprises y auront recours.

Même depuis qu’un conciliateur a été désigné par le gouvernement pour créer un dialogue entre les représentants des travailleurs et la direction, aucune avancée significative n’a été constatée. À l’heure d’écrire ces lignes, la concertation est donc bloquée à tous les niveaux. Une situation rarement vue dans l’histoire du syndicalisme belge. Les Delhaiziens sont déterminés à continuer la lutte, avec le peu de possibilités qu’il leur reste (voir la suite), pour défendre leurs conditions de travail et de rémunération.

Droit de grève bafoué

Delhaize aura tout fait pour museler le droit de grève de ses travailleurs, le dernier recours possible pour celles et ceux qui veulent simplement défendre leurs conditions de travail. Rapidement, la police a été envoyée en grand nombre au dépôt de l’enseigne à Zellik, les syndicalistes présents au conseil d’entreprise ont été fouillés, les huissiers ont été envoyés sur les piquets de grève, une forme d’intimidation contre les travailleurs. À notre grand regret, la justice belge a donné raison à la demande unilatérale de la direction d’interdire les piquets de grève dans tous les Delhaize de Belgique. Le 22 mai, le cortège est donc passé devant le palais de justice, où un lâcher de ballons a symbolisé l’envol de ce droit de grève. À peine deux jours plus tard, le tribunal de Mons a confirmé cette ordonnance. Ces décisions de justice font passer le droit commercial avant le droit d’action collective, ce qui constitue un précédent dangereux pour les mouvements sociaux.

Droit de manifester menacé

Quelques jours avant la manifestation, un projet de loi menaçant le droit de manifester a été présenté au Parlement. Le texte prévoit l’interdiction, pour des personnes précédemment condamnées pour certains faits commis
lors d’un « rassemblement revendicatif », de participer à de nouveaux rassemblement similaires, et ce pour une durée de trois ans maximum. Les faits en question vont de l’attentat au meurtre en passant par les lésions corporelles volontaires, mais concernent aussi le vandalisme et la dégradation de biens ou de marchandises.

Si les représentants politiques assurent que ce projet de loi vise en particulier les casseurs, nous craignons qu’il ne menace à terme les libertés syndicales. « Le problème est que le texte est beaucoup trop flou et cette  interdiction judiciaire de manifester pourrait, selon l'interprétation qu'on en fait, nuire à l'action syndicale et à la liberté d'expression des mouvements sociaux dans leur ensemble », avons-nous dénoncé dans un communiqué
le 5 juin. Concrètement, un syndicaliste qui a participé à un feu de palette devant une entreprise pour soutenir une action de grève risque lui aussi d’être condamné.

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