La lutte contre la pauvreté nécessite vision et ambition, pas des recettes éculées

16/10/2018 - 11h

Communiqué de presse CGSLB - FGTB - CSC

Selon l’office de statistique belge, en 2017, 15,9% de la population en Belgique était considérée comme à risque de pauvreté monétaire. Il s’agit des personnes vivant dans un ménage dont le revenu total disponible est inférieur à 1.139 euros par mois pour une personne isolée.  Selon ces même statistiques, 13,5% de la population vit dans un ménage à faible intensité de travail et 5,1% des Belges souffrent de privation matérielle grave. Les personnes confrontées à au moins une des situations visées ci-dessus sont considérées comme à risque de pauvreté ou d’exclusion sociale selon l’indicateur européen de la pauvreté dans le cadre de la stratégie « Europe 2020 ». En 2017, cela concernait 20,3% de la population.

Depuis quatre ans, les organisations syndicales n’ont cessé d’interpeller le gouvernement concernant la situation de grande précarité dans laquelle se trouvent de nombreuses familles de notre pays. La  communication  du gouvernement a été : jobs, jobs, jobs.   Or, la réalité a été : du travail occasionnel pour ceux qui ont déjà un boulot mal payé.

C’est au final une vision à long terme qui doit être apportée par le monde politique et non pas des solutions clé sur porte comme le renforcement de la dégressivité des allocations de chômage décidé lors du jobsdeal de cet été. La légèreté avec laquelle cette mesure a été prise est consternante. Celle-ci est d’ailleurs contraire à la déclaration gouvernementale qui ne mentionnait par le renforcement de la dégressivité mais « simplement » sa poursuite, ce qui à nos yeux était déjà très préoccupant. Il était en outre question de porter les minimas des allocations sociales au niveau de la norme européenne de pauvreté. Ce relèvement, jamais obtenu est nécessaire quand on sait qu’un chômeur sur deux est exposé à un risque de pauvreté (49,1%, contre 40,7% en 2015)  notamment  à cause de la précédente réforme de l’assurance chômage et que pour un chômeur isolé le montant de l’allocation minimale est inférieur de 8% à la norme européenne de pauvreté. Pour un couple avec une seule allocation minimale, cet écart atteint même 26%.

Plusieurs professeurs d’université ont rappelé dans une «carte blanche» au gouvernement qu’il n’est pas scientifiquement acquis que la réduction progressive des allocations favorise la recherche d’emploi et qu’avant de prendre cette décision, il est essentiel de bien étudier les conséquences que la mesure peut entraîner sur une population déjà en difficulté. Il est d’ailleurs avéré que la pauvreté éloigne aussi bien de l’emploi que des formations.

En effet, des allocations plus décentes permettent aux chômeurs d'investir dans un moyen de transport, un abonnement Internet, la garde des enfants, la formation continue, les contacts sociaux et d’augmenter ainsi leurs chances de trouver un emploi stable et sécurisant ce que le marché du travail offre malheureusement de moins en mois. Sourd à tous les arguments, ce gouvernement va une fois encore poser un mauvais choix social et précariser les plus fragiles de notre société qui se verraient contraints d’accepter n’importe quel emploi. Ce nivellement par le bas contribuera in fine à détériorer les conditions de travail de l’ensemble des travailleurs. Cette journée internationale de lutte contre la pauvreté est une nouvelle fois l’occasion de rappeler à ce gouvernement qu’il manque d’ambition.

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