Votre métier est formidable – des soins à la lutte pour une reconnaissance
Chaque jour, des dizaines de milliers de travailleuses et travailleurs du secteur Non-Marchand s’activent pour la santé, le bien-être et la qualité de vie des autres. Dans les hôpitaux, maisons de repos, milieux d’accueil d’enfants, soins à domicile, dans le social ou le socioculturel : ce secteur est l’épine dorsale d’une société solidaire.
À la CGSLB, nous avons un lien particulier avec ce secteur. Non seulement parce qu’il est vaste et essentiel, mais surtout parce qu’il est unique dans son organisation – et dans les défis que rencontrent quotidiennement les travailleuses et travailleurs.
« Qu’y a-t-il de plus beau que de défendre celles et ceux qui, chaque jour, s’engagent pour les autres ? » – Éric Dubois et Gert Van Hees, responsables sectoriels nationaux de la CGSLB
Un secteur vaste. Féminin. Et souvent à temps partiel.
Sous l’étiquette "Non-Marchand" se cache une mosaïque de sous-secteurs : les soins (hôpitaux, maisons de repos, soins à domicile...), le bien-être (soins et aides aux familles, institutions éducatives, accueil de la petite enfance...), la culture (secteur socioculturel) et l’économie sociale (entreprises de travail adapté).
L’impact en termes d’emploi est énorme : au deuxième trimestre 2023, pas moins de 15 % de la population active travaillait dans le Non Marchand. Fait marquant : 75 % sont des femmes.
Ce qui nous amène à un point sensible. « Souvent, ces femmes travaillent à temps partiel pour combiner leur emploi avec leurs tâches familiales. Avec le durcissement des conditions de pension, elles sont aujourd’hui pénalisées », expliquent Gert Van Hees et Éric Dubois.
« Mais aussi, les employeurs du secteur préfèrent souvent embaucher à temps partiel pour plus de flexibilité dans les horaires ou en période de forte demande. »
La CGSLB tente depuis des années, via les conventions collectives sectorielles, d’augmenter le nombre d’heures de ces contrats à temps partiel.
« Il y a assez de travail pour élargir les contrats. Mieux vaut cette piste que de faire appel à des ‘infirmier·ères de projet’ qui coûtent cher, à l’intérim ou aux flexi-jobs. »
Un cas à part dans la concertation sociale
Le Non-Marchand est aussi un acteur à part dans la concertation sociale. Il existe des niveaux de concertation fédéraux, régionaux et communautaires.
Les compétences liées aux personnes comme par exemple les soins aux personnes âgées relèvent des régions, l’accueil de la petite enfance relève de la Communauté française,…
« Ce secteur reflète en fait les différentes réformes institutionnelles de notre pays », explique Éric Dubois. « En tant que syndicat, nous essayons d’avoir une vision d’ensemble – avec un objectif central : harmoniser les conditions salariales et de travail entre les différents niveaux de pouvoir. »
La CGSLB a ainsi participé à l’élaboration d’une méthode applicable à terme à tous les barèmes du secteur. Des différences régionales subsistent, mais les syndicats – que ce soit pour le Non-Marchand privé ou public – tentent de plus en plus souvent de coordonner leurs calendriers. Les pouvoirs publics eux-mêmes essaient aussi d’harmoniser les financements entre institutions publiques et privées.
Autre particularité : la présence de l’État comme troisième partenaire à la table des négociations. Les accords sociaux dans le Non-Marchand ne suivent donc généralement pas le rythme classique des accords interprofessionnels, mais plutôt celui des législatures.
Un secteur extrêmement dépendant du contexte
Puisque le secteur est subventionné, il est extrêmement sensible au contexte politique. « L’arrière-plan politique pèse constamment. Pendant la crise COVID, nos revendications ont soudain été comprises. Il n’a pas fallu 35 manifestations pour se faire entendre… une haie du personnel soignant en blouse blanche tournant le dos à la Première Ministre a suffi. Et là, tout à coup, un accord de près d’un milliard d’euros a pu être conclu… en 4 jours », raconte Éric Dubois. « Mais inversement, les décisions peuvent être très lentes, surtout en période pré-électorale. Et une fois les gouvernements formés, avec les cabinets constitués… on perd facilement un an dans l’inertie politique. C’est aussi ça la réalité du Non-Marchand. La politique, c’est faire des choix. Aujourd’hui, avec des budgets colossaux alloués à la défense, le contexte géopolitique, les déficits publics dus à la crise énergétique… tout cela a un impact direct sur les négociations dans le Non-Marchand. Par ailleurs, des mécanismes comme le « tax shift », qui réduisent les revenus de la sécurité sociale, reviennent à scier inévitablement la branche sur laquelle repose tout le secteur. »
Charge de travail et pénurie de personnel : un cercle vicieux
Le cri d’alerte n’est pas neuf : il faut rendre le travail tenable tout au long de la carrière, offrir des salaires plus justes et attractifs et aussi de meilleures conditions de travail. Mais surtout : il y a un manque criant de personnel qualifié.
Cela pèse sur le personnel existant et met en danger la qualité et l’offre de services. Depuis le COVID, l’absentéisme de longue durée a explosé. « On sous-estime la pression mentale. Pendant le COVID, c’était déjà difficile, mais ensuite, les hôpitaux ont dû rattraper toutes les interventions et les soins reportés, ce qui a encore accentué la pression », explique Éric Dubois. « C’est un cercle vicieux : la charge de travail met le personnel en incapacité, et plus il y a de malades, plus la pression augmente sur les autres collègues en poste. Tous les avantages obtenus et leurs effets positifs après des années de négociations fondent comme neige au soleil à cause du manque de personnel. »
Des horaires planifiés et organisés des semaines à l’avance, ne sont efficaces que si tout le monde tient le coup. La transition démographique n’aide pas non plus : le vieillissement de la population entraîne une hausse vertigineuse des besoins en soins, tout en nécessitant des budgets plus importants pour d’autres postes de dépense, comme les pensions. « Et dans le secteur lui-même, toute une génération part à la retraite sans que la relève soit assurée. »
Alors, quelles solutions ?
« Il n’y a pas de solution miracle. Il faudra multiplier les pistes », estime Eric Dubois.
Dans de nombreux sous-secteurs du Non-Marchand, des projets de formation attractifs ont été mis en place pour former du personnel non qualifié ou attirer des personnes en reconversion vers le secteur. Mais la pression reste extrêmement préoccupante.
CGSLB & le non-marchand : un succès grandissant
À la CGSLB, Gert Van Hees (niveau fédéral), Tommy Jonckheere (niveau flamand) et Éric Dubois (niveau fédéral et francophone) sont les moteurs des négociations. « Qu’y a-t-il de plus beau que de défendre celles et ceux qui s’engagent chaque jour pour la santé et le bien-être des autres ? »
Tous trois sont appréciés dans leur secteur. En collaboration avec les secrétaires permanents locaux, ils s’investissent pleinement – avec des résultats à la clé. Le nombre de membres dans le Non-Marchand ne cesse d’augmenter à la CGSLB. « Nous veillons à informer nos membres rapidement et efficacement. Et à les impliquer via divers canaux », explique Éric Dubois.
Chaque année en mai, la CGSLB met le Non-Marchand à l’honneur avec une campagne spécifique qui souligne à la fois les besoins du secteur et qui remercie le personnel pour sa contribution à une société plus solidaire :
« Votre métier est fort minable formidable ! » – Un slogan de campagne qui résume parfaitement la réalité.