Rapport de la commission réforme des pensions : réaction des syndicats

17/06/2014 - 15h

Le front commun syndical vient de prendre connaissance des «propositions de la commission réforme des pensions».

Bien que présentée comme une réforme basée sur l’idée d’un contrat social, une première lecture du rapport laisse entrevoir de lourdes craintes quant à la défense des intérêts des pensionnés : allongement de la durée de la carrière et de l’âge légal de la pension, instauration d’un système à points intégrant des corrections automatiques du niveau des pensions sur la base d’objectifs démographiques et budgétaires (travailler plus longtemps pour un même niveau de pension), harmonisation vers le bas des pensions publiques, flexibilisation de la liaison au bien-être, institutionnalisation de la capitalisation dans le régime légal des pensions (au niveau des contractuels de la fonction publique dans un premier temps), transfert des risques de la capitalisation sur la collectivité… autant d’éléments extrêmement préoccupants portant atteinte aux intérêts des pensionnés.

Sur la base de ces éléments, les organisations syndicales, en front commun, rappellent:

  • L’importance de promouvoir un système de pensions par répartition qui permette à chacune et chacun :
    • De vivre dignement : les pensions belges sont parmi les plus basses d’Europe. Relever le niveau des pensions légales par répartition constitue une priorité absolue. Aujourd’hui, 17% de pensionné-e-s vivent sous le seuil de pauvreté. L’augmentation des basses et moyennes pensions, au-delà de l’amélioration de la qualité de vie des personnes concernées, participerait également à la relance de notre économie interne ;
    • D’assimiler à du travail certaines périodes pour le calcul de la carrière. Une marche arrière en la matière ne ferait que précariser encore davantage les chômeurs, les malades, les travailleurs à temps partiels, dont de nombreuses femmes.
  • Toute discussion relative aux pensions devra indiscutablement viser à renforcer ces éléments, en passant par une consolidation du financement du système actuel.
  • Leur opposition à la modification des deux balises fortes de notre système de retraite: l’âge légal, à 65 ans, et la durée de la carrière, de 45 ans en Belgique. Toucher à ces balises (vers le haut) constituerait en effet un nouveau frein à l’entrée sur le marché du travail des jeunes travailleurs, alors que nous comptons plus de 600.000 chômeurs et que les annonces de restructurations se succèdent ;
  • Que des possibilités de prépension doivent être laissées aux travailleurs.Les prépensionnés coûtent en moyenne 50% moins cher à la collectivité que s’ils avaient été mis au chômage parce que leur ancien employeur verse une cotisation sociale ;
  • La nécessité de revaloriser le niveau de pension des travailleurs salariés et des contractuels.Le niveau de pension des fonctionnaires n’est pas trop élevé. Il est à peine dans la moyenne européenne. Il s’agit donc de revaloriser le niveau de pension des travailleurs salariés et des contractuels, trop faible, et non de s’attaquer à celui des fonctionnaires ;
  • Que la définition des politiques de retraite n’est pas qu’une question financière. Il s’agit d’un contrat social fort entre les actifs et les retraités. La détermination des termes de ce contrat social relève des interlocuteurs sociaux. Ceux-ci continueront à prendre leurs responsabilités en participant à la gestion des systèmes de retraite et en travaillant résolument à l’élaboration et au suivi des politiques de pensions.

Enfin, toute discussion relative à la sécurité sociale, a fortiori en matière de pensions, relève de la responsabilité première des interlocuteurs sociaux. Il n’appartient dès lors à aucun expert de s'y substituer. La récente sortie du gouverneur de la Banque nationale, totalement orientée et déconnectée des réalités vécues par les pensionnés, confirme à cet égard le danger de confier à des experts externes la possibilité de proposer des réformes éventuelles.

Les organisations syndicales vont désormais prendre le temps d'analyser le rapport dans ses moindres détails, elles n'hésiteront pas à réinterpeller la Commission de manière à obtenir d’éventuelles clarifications.

Choisissez un secrétariat CGSLB près de chez vous :
Ou trouver votre secrétariat en utilisant la carte