La biodiversité crée des emplois

15/10/2015 - 16h

Même si elle est omniprésente, la biodiversité est traditionnellement boudée par les organisations syndicales. Probablement en raison du peu de lien apparent qu’elle entretient avec le monde du travail et par conséquent, avec l’activité syndicale. La tendance commence cependant à s’inverser, car la préservation de la biodiversité peut créer des emplois.

La biodiversité semble a priori être une préoccupation assez éloignée du monde de l’entreprise. Pourtant, l’économie entière dépend d’elle. Sans vraiment que nous y prêtions attention, le monde du vivant est étroitement lié à nos activités : ce que nous mangeons, ce que nous buvons, l’air que nous respirons, les ressources que nous utilisons… tous sont issus ou sont étroitement liés à la biodiversité. Cette même biodiversité est en permanence menacée, en grande partie par des activités humaines.
 

Conséquences irréversibles

Lorsqu’une espèce s’éteint, elle disparaît pour toujours – et avec elle, tous les bénéfices qu’elle procure. C’est pourquoi il est primordial et urgent de préserver la biodiversité :

  • Sans abeilles pour polliniser les cultures, le risque de pénuries alimentaires s’accroît.
  • La disparition des forêts et des zones humides diminue la capacité des systèmes naturels à réguler le climat.
  • L’extinction d’espèces végétales réduit le nombre de sources naturelles à notre disposition pour développer de nouveaux médicaments – tant l’aspirine que la pénicilline sont issues de la nature. Quelque 25 % des espèces européennes et 62 % des habitats sont menacés.

Biodiversité et emploi

Le lien entre la biodiversité et l’emploi a déjà été fait par la Commission européenne. Un rapport récent de la DG Environnement décrit de quelle manière les objectifs de l’Europe en matière de biodiversité peuvent avoir un effet sur l’emploi, ainsi que sur les nouvelles compétences que les travailleurs devront acquérir pour contribuer à leur réalisation.

Le rapport préconise l’adoption d’une approche plus stratégique en ce qui concerne les possibilités de formation. Il recense également les différents déficits de compétences qui peuvent être observés sur le marché du travail actuel et qui doivent être comblés si l’Europe veut pouvoir atteindre ses objectifs. Il distingue et analyse trois catégories d’emplois :

  • les emplois liés à la protection de la biodiversité, tels que responsable de la conservation ou gardien de parc naturel ;
  • les emplois qui ont un impact significatif sur la biodiversité, comme agriculteur ou inspecteur de pêche ;
  • les emplois qui dépendent de la biodiversité, tels que biotechnologue, exploitant touristique ou chercheur dans le domaine pharmaceutique.

Actuellement en phase de transition, notre société en pleine mutation vers des économies durables nous offre l’opportunité d’améliorer les conditions de travail dans ces secteurs-clés, fortement tributaires de la diversité biologique et source d’emploi pour des millions de personnes. À nous de la saisir !

Le projet « Maya » de la Régionale wallonne

Le Syndicat libéral s’est engagé pour la sauvegarde des pollinisateurs en parrainant une colonie d’abeilles. Grâce à ce soutien, une ruche a été offerte à une jeune apicultrice à Eben-Emael.

Pourquoi parrainer une ruche ?

Pour la Régionale wallonne de la CGSLB, initiatrice de cette action de parrainage, il y a d’abord la volonté d’interpeller le public sur la problématique de la disparition des abeilles, et promouvoir l’emploi local. Il est également question de sensibiliser les travailleurs sur l’utilisation efficiente des produits nocifs pour l’environnement, d’informer et de former sur les questions de santé et de sécurité des personnes manipulant des produits toxiques.

Ainsi, en parrainant une colonie d’abeilles, la CGSLB soutient le projet initié par l’Asbl Made in Abeille

et marque sa volonté d’apporter une pierre à l’édifice de la lutte contre la perte de la biodiversité. Pour un syndicat, une ruche symbolise aussi l’importance du travail et de la solidarité entre les individus d’une société pour assurer la sérénité, l’harmonie et la pérennité de la vie du groupe.

 

Nos délégués se forment et s’informent !

Le Bien-être des Salariés a inscrit la biodiversité dans ses programmes de formation afin que les travailleurs soient informés et sensibilisés aux enjeux autour de ce thème. Diverses collaborations sont mises en oeuvre dans cette optique :

  • En 2012, une collaboration avec Natagora pour l’organisation de « Sorties nature » à laquelle prenaient part 54 délégués.
  • En 2014, une collaboration avec Service Public de Wallonie et son Réseau Wallonie Nature, pour la mise sur pied de quatre journées de formation sur le thème de la biodiversité en entreprise.

Des réalisations concrètes

Dans ces journées, les délégués sont informés et sensibilisés sur le cadre réglementaire et les contextes de la perte de la biodiversité. Il leur est également expliqué comment s’y prendre pour préserver la biodiversité sur le lieu de travail, avec plusieurs exemples d’aménagement aux abords des entreprises. Des témoignages et des visites viennent enfin illustrer et amener des pistes des réflexions.

Quelques exemples

  • la visite du site occupé par Snark Productions (à l’origine de, l’émission hebdomadaire de la RTBF « Une brique dans le ventre »), dans le parc industriel de Nannine-Sud,
  • la visite du site occupé par Hainaut Développement, sur le zoning Initialis à Mons,
  • le témoignage du responsable Service Espaces Verts à la Ville de La Louvière.
  • la promenade dans un lieu des plus intéressants en Wallonie, les décanteurs de Hollogne-Sur-Geer, un site industriel conquis par la végétation et par une faune variée. Ce site est un exemple en termes de synergies entre l’activité économique, l’habitat et la réserve naturelle.

Pour aller plus loin en matière de biodiversité sur les lieux de travail, la Cellule environnement encourage les délégués à consulter sa dernière
publication « La biodiversité et mon entreprise ».

Francesco Griffo : Délégué et apiculteur

En Belgique, 3 000 personnes vivent directement de la filière apicole en plus des nombreux éleveurs amateurs. Parmi ces amateurs, on compte des travailleurs et des délégués syndicaux dont Francesco Griffo, ouvrier dans le secteur du textile et apiculteur.

Qu'est-ce qui t’a amené à devenir apiculteur ?
Dès mon plus jeune âge, j'ai été attiré par le mystère de la nature et toutes ses composantes. Plus tard, dans le cadre familial et dans le monde du travail, j’ai pu la redécouvrir. Lorsqu’une opportunité s’est présentée pour suivre des cours d’apiculture, je n’ai pas hésité et voilà....

Combien de ruches possèdes-tu ?
Actuellement j'en possède trois. Une est en pleine production et les deux autres le seront aussi l'année prochaine, si tout va bien.

Quelle est la production de miel par ruche ?
Ça varie entre 15 à 60 kg. C’est aussi fonction des espèces, des conditions climatiques et des différentes miellées (printemps ou
été).

On parle de plus en plus de disparition progressive des abeilles. Est-ce un phénomène que tu constates ?
Oui. Pendant deux années, j'ai perdu l’entièreté de mon cheptel. Trois ruches en moyenne. Et chaque fois il faut tout reprendre depuis le début. Je vais à la recherche des essaims dans la nature et mon constat est qu’au fil des années, il y en a de moins en moins. Des apiculteurs professionnels m’ont fait part de pertes impressionnantes ces dernières années.

À quoi est due cette disparition à ton avis ?
À mon avis l'agriculture intensive et l'usage des produits chimiques y sont pour beaucoup : les néonicotinoïdes, les pesticides et les herbicides comme le round-up. Ces poisons contribuent à la disparition des abeilles et de bien d’autres espèces.

En tant que délégué syndical et citoyen, quelle(s) action(s) identifies-tu pour endiguer le déclin des abeilles?
Je pense que prendre conscience individuellement et agir à son niveau c’est déjà un acte citoyen. Ensuite, partager les connaissances autour de soi y compris dans l'entreprise peut contribuer à la sensibilisation. Il est aussi indispensable de mettre nos décideurs nationaux et européens face à leurs responsabilités dans les choix à moyens et longs termes. C’est possible via nos choix citoyens.

Une phrase que l’on prête à Albert Einstein dit : « Lorsque l’abeille disparaîtra, il ne restera que quatre ans à vivre à l’homme. » Est-ce que tu partages ce point de vue ?
Totalement. Car ce sont bien les abeilles, parmi d'autres butineurs, qui pollinisent nos fleurs, nos fruits et légumes. Elles sont un reflet de l’état de notre environnement. N’oublions pas que nous avons reçu la terre en prêt de nos aïeux, à nous de la laisser prospérer pour que les générations futures puissent également en jouir.

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