Ce qui change dans votre déclaration à l’impôt des personnes physiques en 2018

13/02/2018 - 10h

L’augmentation du salaire net du tax shift est financée par les travailleurs eux-mêmes.

La première phase du tax shift avait entraîné une augmentation - modeste - des salaires nets des travailleurs en 2016. La deuxième aurait dû se traduire par une nouvelle hausse… sauf qu’il faut bien que l’argent vienne de quelque part, en l’occurrence des sacrifices imposés aux travailleurs comme le saut d’index, la hausse des accises, l’augmentation des frais de distribution de l’électricité, etc.

Depuis le 1er janvier 2018, la tranche d’imposition à 30 % a été supprimée (de sorte qu’une plus grosse partie des revenus est taxée à un taux inférieur) et la tranche de 40 % a été élargie. Il n’y a plus qu’un seul pourcentage de calcul des frais professionnels forfaitaires des salariés (30 %), avec un maximum de € 4 720. Le plafond de revenu pour bénéficier de la quotité exemptée d’impôt est augmenté.

Voilà qui mérite bien quelques développements.
 

Disparition de la tranche à 30 %

La tranche d’imposition à 30 % disparaît. Concrètement, les taux pour l’exercice d’imposition 2019 portant sur les revenus de 2018 se présentent comme suit :

Tranche de revenus

Taux d’imposition

€ 0 – € 12 990

25 %

€ 12 990 – € 22 290

40 %

€ 22 290 – € 39 660

45 %

vanaf € 39 660

50 %


​Frais professionnels forfaitaires

Tout salarié bénéficie de la déduction automatique des frais professionnels forfaitaires de ses revenus s’il n’opte pas pour le système des frais réels. Pour l’année de revenus 2018, exercice d’imposition 2019, le forfait est calculé à un taux uniforme de 30 % et le montant maximal est porté à € 4 720.
 

Augmentation de la quotité exemptée d’impôt

Chaque contribuable a droit à une quotité exemptée. Il s’agit d’une partie des revenus sur laquelle aucun impôt n’est prélevé. Elle est en principe fixée à € 7 430 pour l’exercice d’imposition 2019. Les personnes qui disposent d’un revenu inférieur à un montant déterminé voient leur quotité exemptée d’impôt monter à € 7 730. Ledit montant est porté € 45 750 à partir du 1er janvier 2018, ce qui a pour conséquence que plus de personnes entrent en ligne de compte. À titre de comparaison, le plafond était fixé à € 27 030 seulement pour l’exercice d’imposition  2018.

Intéressant à première vue… du moins pour les travailleurs, car les pensionnés et les allocataires sociaux ne profitent malheureusement pas ou fort peu de cet avantage. La CGSLB aurait espéré plus de justice et de solidarité, le montant aurait dû être porté au niveau du revenu d’intégration. Nous avions même proposé de fixer la quotité exemptée d’impôt à € 10 829,18 à partir de l’exercice d’imposition 2020. En fait, ce sera le montant du revenu d’intégration en 2020. Ce serait une manière de supprimer l’une des principales incohérences fondamentales de notre système fiscal, à savoir que même les personnes vivant du revenu d’intégration doivent payer des impôts. Par ailleurs, tous les autres, ceux qui gagnent plus, verraient aussi leurs revenus nets augmenter.

Plus de net en poche…

Le gouvernement a vanté, à travers les médias, les bienfaits de sa réforme fiscale : les travailleurs verraient leur salaire mensuel net augmenter de 1,4 à 3 % en 2018, étant bien entendu que ce sont les rémunérations les plus faibles qui en tireraient le profit maximal. Dans le cas d’un contribuable marié sans personne à charge, le tax shift donne le résultat suivant :

Salaire mensuel brut

Net 2017

Net 2018

Augmentation en %

€ 2 000

€ 1 522,51

€ 1 567,78

+ 2,9734 %

€ 3 000

€ 1 873,47

€ 1 919,67

+ 2,4660 %

€ 4 000

€ 2 317,65

€ 2 359,06

+ 1,7867 %

€ 5 000

€ 2 717,54

€ 2 757,39

+ 1,4664 %


… que le travailleur paie

Ce faisant, le gouvernement a été intellectuellement malhonnête, car il a passé sous silence les sacrifices qui ont rendu ce “miracle” possible. Le saut d’index de 2 % imposé il y a deux ans se fera sentir tout au long de la carrière professionnelle et même au-delà, il n’y aura jamais de rattrapage. Il fallait oser faire tant de publicité autour d’une augmentation financée par un blocage des rémunérations.

Ce saut d’index, faut-il le rappeler, fut un joli cadeau aux entreprises qui avaient promis d’embaucher en échange. Eh bien ? Où restent-ils tous ces emplois qui auraient dû être créés ? Le gouvernement allègue pour sa défense que le chômage a diminué. Nous lui rétorquons d’abord que le taux d’emploi, le seul indicateur valable, augmente moins que dans les autres pays européens, et ensuite que les flexi-jobs ne contribuent pas à faire baisser le chômage, car ils remplacent de vrais emplois et mettent en péril la sécurité sociale. Les chiffres de la Banque Nationale et du Fonds monétaire international (FMI) montrent que le taxshift a créé un manque à gagner d’environ 4,8 milliards d’euros pour le trésor public ! Il faut mettre en perspective la réduction du coût du travail accordée aux entreprises, la réduction de l’impôt des sociétés et le montant des versements de dividendes aux actionnaires qui est passé, selon la Banque Nationale, de 20 à 28 milliards d’euros !

… et n’a pas fini de payer

Après avoir subi un saut d’index, une augmentation des coûts de distribution de l’électricité et de la TVA, la hausse des accises sur le diesel et l’alcool, les travailleurs continuent à faire les frais de la politique néolibérale de ce gouvernement. Ils seront, en effet les plus touchés par les mesures visant à réduire les pensions, à diminuer les prestations sociales, à démanteler les services publics et à laisser pourrir les infrastructures.

Alors ? Est-ce que nous gagnons plus en net grâce au tax shift? Soyons sérieux Messieurs les ministres, les travailleurs ont bien compris qu’il n’en est rien !

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